mercredi 27 avril 2016

Le Visage de Satan, de Florent Marotta


Résumé

Un hurlement. Là, quelque part, qui se répercutait sur les murs poisseux et humides de la pièce. L'endroit ressemblait davantage à une cave avec ses murs bruts et ses parois voûtées. Puis un râle d'agonie s'étouffa, comme si même la mort prenait plaisir à attendre. L'homme pendait comme une vulgaire carcasse de viande accrochée à une esse de boucher. Son visage n'était que souffrance, rictus d'agonie et d'abomination. « Faites que je meure », implora-t-il en silence.


Mon avis



Le visage de Satan de Florent Marotta pourrait être considéré comme le deuxième tome d’une série, puisque son protagoniste Gino constitue déjà le personnage principal d’un roman le précédant « L’échiquier d’Howard Gray ». Il peut se lire indépendamment de celui-ci, et l’auteur facilite la lecture par flash-back et explications, mais comme le passé et le comportement de Gino interviennent sur l’intrigue, j’ai trouvé dommage de ne pas être prévenue. J’ai eu l’impression d’être passé à côté de certains passages, qui sont sans doute liés au roman précédent, mais qui arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe pour les lecteurs non avertis.

Le roman commence en pleine action et en plein carnage. Florent Marotta met le lecteur dans le bain, avec un récit trempant immédiatement dans l’horreur et le sang. Pas d’erreur d’interprétation pour le lecteur: Le visage de Satan est un thriller ésotérique sombre et sanglant.

L’auteur change habilement de point de vue, passant de celui des fanatiques ou leurs victimes à celui de Gino sur lequel on se concentre la plupart du temps. En conséquence, le récit de l’enquête se voit entrecoupé de chapitres révélant des informations sur l’ennemi et ses actions.

Gino détective, ancien flic, s’avère un personnage assez stéréotypé : bourru et tenace, emprunt du sens de la justice, parfois même au détriment de sa propre enquête. Il lutte contre ses propres démons, contre un passé qui reste assez flou au lecteur qui n’a pas lu ses aventures précédentes. Son impulsivité et sa violence latentes en font un personnage tantôt réaliste, tantôt frôlant le cliché. J’ai eu du mal à le cerner et à m’attacher à lui.
Face à lui, s’affrontent deux images de la femme : sa cliente Sybille Pech qui cherche son mari disparu, femme belle et sophistiquée, prêtresse noire qui obtient ce qu’elle veut grâce à son charme provocateur et sa sensualité exacerbée et la jolie Morgane au charme pétillant, sorcière à ses heures. On trouve la tentatrice d’un côté, qui promet à Gino la vengeance qu’il attend depuis longtemps et l’apaisante qui essaie de le libérer de ses démons et pose des limites à sa violence. Ces deux femmes entrent dans la vie de Gino, et dans l’intrigue, de manière pertinente. J’ai particulièrement apprécié Morgane, que j’ai trouvé plus naturelle, plus réaliste que Sybille enfermée dans son rôle de femme fatale, machiavélique, à laquelle tous les mâles succombent.
Le couple Gino-Morgane, bien que peu original (le septique et l’adepte d’ésotérisme) forme un duo attachant et qui fonctionne. J’ai juste regretté de ne pas voir intervenir un peu plus Morgane dans l’utilisation de ses capacités particulières.
L’ennemi, quant à lui, reste dans l’anonymat pendant longtemps, mais son identité n’est pas une surprise. Il incarne le mal et les scènes du point de vue des agresseurs (ses disciples) et des victimes montrent bien son manque total de conscience ou de compassion, son fanatisme sans limite (encore une fois très proche du cliché). Il s’impose donc sans mal comme la réincarnation du mal.

Gino voit vite son enquête sur Mr Pech dévier et finalement rejoindre celle des massacres rituels perpétrés par les fanatiques. L’intrigue se tisse autour de Gino et son antagoniste, les démons de l’un et de l’autre, souffrance pour l’un, assumés et sacralisés pour l’autre les rapprochent et en font des ennemis naturels. L’auteur déroule doucement l’intrigue au lecteur, qui voit finalement s’emmêler les deux destins. C’est un aspect du roman bien mis en place.

La plume de l’auteur fluide, le rythme vif et des chapitres souvent courts entraînent le lecteur dans des lieux, atmosphères et actions bien décrits. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire le début, malheureusement, même si l’intrigue est cohérente et le récit bien mené, on retrouve ensuite beaucoup de « déjà vu » . Certes, l’auteur respecte avec succès les codes du thriller et garde de l’originalité dans les tenants de son intrigue, mais le côté ésotérique reste peu approfondi et les personnages frôlent le cliché.

En conclusion, mon avis sur le roman reste mitigé. Ce n’est pas un mauvais roman et il peut être une bonne entrée en matière pour les lecteurs qui veulent découvrir un thriller ésotérique efficace et bien mené, mais peut gêner les connaisseurs par son utilisation un peut trop appuyée des stéréotypes du genre. Je remercie le forum A coeur de l'Imaginarium et les éditions Taurnada pour cette lecture.

jeudi 14 avril 2016

Let the Sky Fall tome 2 : Let the Storm Break, de Shannon Messenger


Résumé

Deuxième volume d’une trilogie young adult fantastique, Let the Storm Break nous plonge dans l’histoire tourmentée de Vane Weston, qui s’est découvert le don de maîtriser les vents. Aux côtés d’Audra, la jeune sylphe chargée de sa protection, il a appris à apprivoiser ses pouvoirs et survécu à un affrontement homérique avec l’ennemi. Mais parce qu’ils ont cédé à l’attirance qui les poussait l’un vers l’autre, les deux adolescents sont désormais liés, et détiennent ensemble le pouvoir des quatre vents, convoité par le terrifiant Raiden. Les voilà donc en proie à un terrible dilemme : révéler leur secret aux autre sylphes pour leur permettre de gagner la bataille, ou s’entêter à protéger l’arme ultime, au risque de tout perdre ?

Mon avis


« Let the storm break » est le tome qui suit « Let the sky fall », série Young adult de Shannon Messenger, tous deux publiés chez les éditionsLumen.
Comme pour le premier tome, une superbe couverture invite immédiatement à la lecture : l’objet livre est magnifique.
L’auteure entre dès le début dans le vif du sujet. Elle laisse le lecteur se réinstaller confortablement dans l’histoire, sans insister lourdement sur les faits déroulés lors du premier tome. 

« Let the storm break » ne peut donc pas être lu indépendamment et se pose comme une suite logique. Si le premier tome évoque l’initiation proposée par Audra et vécue par Vane, la découverte pour celui-ci, comme pour le lecteur d’un peuple des vents aux pouvoirs particuliers, ce deuxième tome récolte les fruits d’une mise en place solide, basée sur un univers original et intéressant. Il propose par conséquent plus d’action et d’approfondissement, sur les personnages, les sylphes et leur ennemi Raiden. 

La narration alterne très judicieusement (tout comme dans le premier tome) les points de vue d’Audra et de Vane. Sa dynamique et le style fluide de l’auteure rendent la lecture d’autant plus agréable. 

Ces deux personnages principaux ont également évolué suite au premier tome. Vane apparaît plus fort et plus sûr de lui. Il apprend à connaître son peuple et le monde dont il est issu, mais reste maître de son destin. Même s’il doute sur ce que ce sera son avenir, entre ses sentiments pour Audra et ses responsabilités de futur roi, il se montre déterminé et audacieux. 
Audra, dont il est séparé au début de ce tome, a perdu son rôle de gardienne et s’aventure dans des contrées insoupçonnées, découvre des secrets importants pour l’intrigue. On la retrouve tout aussi forte et pourtant plus sensible, un peu plus fragilisée par la « trahison » qu’elle a commise envers son peuple, quand elle a embrassé son protégé et créé un lien avec lui. Les doutes l’assaillent. Ça ne l’empêche pas de voir ses pouvoirs évoluer, gagner en puissance et s’affiner.

La situation devient d’autant plus difficile à gérer pour eux avec l’apparition d’autres personnages : les nouveaux gardiens et amis de Vane, ainsi que Solana, sa jolie « fiancée », ou tout au moins est-elle désignée comme tel par les Sylphes. Si Vane refuse cette union arrangée, la voir en chair et en os ne l’aide pas, surtout qu’elle l’a attendu, tout comme on attend le prince charmant, et comme le sauveur de son peuple, depuis sa plus tendre enfance.
Face aux doutes, et face aux pressions de la réalité, la relation entre Vane et Audra connaît donc des turbulences et ne peut qu’évoluer. 

Ce volume s’avère plus trépident que le premier, avec de l’action et des révélations, des décisions qui influent sur l’avenir des sylphes et de nos deux jeunes héros. 
Leur ennemi Raiden prend forme. On en apprend un peu plus sur son passé, par le biais de ses anciens amis, sur son avidité et son ambition, mais aussi sur les moyens dont il dispose pour augmenter sa puissance : ce qui fait de lui un ennemi redoutable. Il intervient enfin en personne dans ce tome.
Le roman se termine d’ailleurs sur un terrible cliffhanger qui tient le lecteur en haleine et donne envie de crier « Je veux la suite ! »

L’univers créé par Shannon Messenger révèle, une fois encore, toute sa richesse et elle nous surprend avec de nouvelles stratégies, de nouvelles attaques liées au vent : elle maîtrise parfaitement son univers et l’approfondit toujours un peu plus. On apprécie un lexique développé autour des vents, riche et imagé. Ainsi la lecture, loin d’être répétitive par rapport au premier tome, nous apporte une plume toujours poétique, efficace et forte.

En conclusion : si j’ai apprécié le premier tome « Let the sky fall », ma lecture de ce deuxième tome « Let the storm break » , fut plus passionnante encore et j’ai hâte de pouvoir lire la suite ! 
Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions Lumen pour cette excellente lecture.

mardi 12 avril 2016

Les Confessions d'Union - Étudiantes perverses, de Collectif



Ce livre numérique propose un ensemble de témoignages publiés dans le magazine Union, destiné aux amoureux du sexe et de l’érotisme. Sexie by la Musardine a pris soin de sélectionner les meilleurs pour les publier. Plusieurs recueils « confessions d’union » ont ainsi été publiés, tels que Histoires humides au travailSexe en vacancesLibertins libertines et Amour SM.

Il s’agit donc de témoignages plus ou moins fidèles d’une expérience vécue, que ce soit une réalité décrite telle quelle ou plus ou moins fantasmée, sachant que le passage à l’écrit permet un recul, une analyse, ou une manière d’enjoliver, voire de sublimer des moments passés. L’intensité a sans doute varié, cependant, les témoignages n’en manquent pas et proposent des moments de lecture assez torrides, même si certains sont plus sages, mais non moins sensuels.

Le titre m’a interpellé avant d’attaquer la lecture : étudiantes. Pourquoi féminiser, pourquoi ne pas adopter « étudiants » pour une mixité des témoignages ? Je me suis aperçue à la lecture, que ceux-ci émanant d’hommes ou de femmes placent les étudiantes au cœur de l’action. Elles sont au centre du récit, prennent les choses en mains, guident, assument leurs désirs, fantasmes et plaisirs, librement et sans tabous. Elles savent exactement ce qu’elles veulent et l’obtiennent ! 
Ces femmes se révèlent avec leurs personnalités, leurs différences : des coquines timides, aux plus vicieuses. Leur comportement libéré, qu’on lit sans jugement, à l’état brut, établit une égalité avec la gente masculine au niveau du sexe. Même si certains témoignages masculins dévoilent leur étonnement face à l‘audace de leurs partenaires, la surprise s’avère d’autant plus agréable pour ces messieurs et décuple le plaisir.

Le thème « étudiante » prend un sens large. Les récits ne se passent pas toujours sur le campus. Il désigne simplement un groupe de personnes en particulier. On retrouve même un couple jouant leur fantasme de la petite étudiante rejoignant son professeur. Les relations profs-étudiantes sont rares et peu poussées.

Le style proposé reste fluide, même s’il s’agit de témoignages, écrit d’une plume plus ou moins soignée. Certains ne manquent pas de spontanéité et possèdent une certaine fraîcheur, d’autres se lisent avec plaisir grâce à un style plus élaboré, avec des descriptions sensuelles à la clé. 
Cependant les textes varient de la sensualité sulfureuse à la vulgarité plus ou moins contrôlée. Il existe dans chacune des expériences évoquées, un aspect provocateur, souvent très osé, qu’on retrouve aussi dans le vocabulaire choisi, toujours très cru. Si certains écrivent leur récit, comme ils en parleraient, d’autres utilisent ce vocabulaire avec soin : on reste dans la provocation, dans le fantasme et l’appel au désir, dans la volonté de faire monter la température, auprès d’un lecteur averti. 

En conclusion : j’ai apprécié ma découverte des confessions « d’Étudiantes perverses », même si la différence dans le style m’a déstabilisée. Ce fut une expérience littéraire nouvelle et intéressante. Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et Sexie by la Musardine pour cette découverte.

samedi 2 avril 2016

Le Crépuscule des rois, d'Arnaud Cuidet


résumé:
Sasha est une new-yorkaise d'une trentaine d'années au passé de loubarde. Au cours d'une rixe, elle découvre un anneau qui la transporte sur une planète étrange : Nalaâm. Elle et l'anneau sont désormais liés.

Capturée, elle combat dans une arène de gladiateurs. Elle découvre que son anneau lui confère une force incroyable, mais uniquement pendant ses accès de colère. Sasha finit par s'évader de l'arène et découvre un monde en proie à une guerre terrible : l'Empereur Tarkass veut régner sur tous les royaumes. Sasha sera propulsée au milieu des combats, qui sonneront le glas de bien des monarchies et ouvrira une nouvelle ère, celle du CREPUSCULE DES ROIS.


Mon avis:

Lorsque le partenariat a été proposé pour ce roman « Le crépuscule des rois », j’ai un peu hésité à m’inscrire. Le résumé me semblait alléchant, mais la couverture, certes superbe, ne correspondait pas à mes attentes : un personnage légèrement vêtu, dont la posture sur la moto met en avant ses charmes féminins… J’ai tout de même tenté, misant sur la qualité des romans SF de Rivière Blanche, qui ne m’ont jamais déçu. Bonne décision, puisqu’il aurait été dommage de passer à côté du personnage principal de l’histoire, Sasha, héroïne aucunement semblable au stéréotype féminin renvoyé par la couverture. 

Bien au contraire !

Sasha, jeune femme originaire de Brooklyn, grande et athlétique se fait agresser et s’échappe grâce à un anneau, qui la téléporte immédiatement dans un autre monde, où elle est une « élue » (porteuse d’anneau).
Capturée, elle devient gladiatrice, puis simple guerrière. Elle s’adapte vite grâce à son fort caractère et son expérience de la « baston » acquise dans les rues de Brooklyn. Sasha se révèle être une femme forte, têtue, belle et rebelle (mais ce n’est pas son physique son atout principal), souvent provocatrice, voire insolente, mais toujours pour de bonnes raisons. Impossible de de ne pas apprécier ce personnage bien construit et nuancé, riche, possédant des valeurs et un code de l’honneur qui lui est propre. C’est une vraie Héroïne, qui sait faire preuve de générosité et compassion, se bat pour la justice et la défense des opprimés. Certes rien d’original à première vue, mais totalement nouveau dans ce monde qui néglige son peuple. 
Son rôle d’élu et son fort tempérament, ses actions héroïques forcent l’admiration : celle du peuple, aussi bien que celle des rois, ou de ses ennemis, et celle du lecteur bien évidemment !

Le lien qu’entretient l’élue avec son anneau, très particulier et original, est bien mis en place. Elle l’appelle « Sauron » par dérision et on sourit à cette évocation. Si elle se sert de l’artefact, elle lutte également contre son influence. Celui-ci se sert de sa colère qu’il catalyse pour décupler ses forces, mais lui ôte toute limite et l’entraîne à tuer ses ennemis. 
Sasha éprouve des remords pour les meurtres qu’elle commet (même si justifiés par la bataille). Ce côté très humain et sensible de Sasha, la rend d’autant plus sympathique aux yeux du lecteur.
Pourtant, on se demande qui influence qui, de l’élue et de l'artefact.

La narration à la troisième personne, très bien menée, livre du point de vue de Sasha, ses émotions et interrogations, ses angoisses et sa détermination.
Si l’intrigue suit ses pas pendant une grande partie du récit, les points de vue se diversifient quand les événements finaux s’enchaînent. Ce changement demande un temps d’adaptation au lecteur, mais apporte des informations intéressantes sur les personnages secondaires.
La narration est vive, parfois rapide, alternant des scènes diverses entre combats, descriptions de l’univers et de l’état d’esprit du personnage. C’est tout de même l’action qui domine dans le roman.

Les personnages secondaires, également bien caractérisés s’avèrent tout aussi intéressants que notre héroïne Sasha. Les relations que celle-ci entretient avec eux, réalistes, évoluent, se renforcent en amitiés fortes et même en sentiments fraternels et amoureux : ils apprennent à se connaître entre alliances et traîtrises. 

L’univers du roman, pas forcément original, reste cohérent.
On découvre avec Sasha les cités et royaumes, leurs dirigeants, et même si certains deviennent des amis, elle n’oublie pas que la population reste la victime principale des guerres qui les opposent. Si elle participe aux batailles, c’est pour la défendre et limiter les dégâts, non pour prendre parti dans les batailles de pouvoir.
Dans cet univers rongé par la guerre, des temples, où sont conservés de précieux artefacts, apportent un élément original et crucial dans l’intrigue. L’auteur ajoute également une touche technologique avec des énergies particulières, entre vibration et pulsation : on découvre ainsi des vibrajets (moto de la couverture), des vibranefs etc…

En conclusion : j’ai adoré le personnage principal du roman (qui m’a d’ailleurs fait rire par ses réparties savoureuses), une femme forte et généreuse, une véritable héroïne sans qu’on ne tombe dans le cliché.
Mon seul bémol serait l’intrigue simple et un peu prévisible, mais l’auteur fait la part belle aux personnages et ce serait dommage de ne pas faire leur connaissance. Un roman SF avec une Vraie Héroïne, ce n’est pas si courant et je le recommande ! 
Merci au forum Au cœur de l’Imaginarium et à Rivière Blanche pour cette très belle lecture.