dimanche 26 juin 2016

HAIG - Le Secret des Monts Rouges, de Thierry Poncet



Résumé

Des tronçonneuses et de l'alcool. Voilà ce que vend l'aventurier Haig, sur sa péniche la Marie-Barjo, à travers la jungle, dans le Cambodge tout juste libéré de la guerre, depuis le fleuve Mékong jusqu'au pied des mystérieux Monts Rouges. Mais quel est cet être qui semble répandre la mort devant lui ? Qui est cette Espagnole trop sexy pour ce far-west des camps forestiers cambodgiens ? Pourquoi a-t-elle absolument voulu le suivre ?



Mon avis 


Le roman Haig - Le secret du mont rouge - prend pour point de départ le vécu et l‘imaginaire de Thierry Poncet et un de ses amis. C’est seul qu’il se lance dans l’aventure de l’écriture, non sans une pensée pour l’ami avec qui il a partagé la genèse du personnage et du récit, et une nostalgie non dissimulée au lecteur : renseignements dévoilés en introduction. Si Haig est un roman d’aventure se déroulant au Cambodge, il possède une note de vécu non négligeable.

La narration du récit se déroule à la première personne et nous plonge immédiatement dans la peau et l’environnement du personnage principal, Haig, qui navigue à travers la jungle sur La Marie-Barjo, sa péniche. 
L’entrée en matière se fait un peu brutale : il faut un moment pour se faire au fil du récit de Haig, de son ton cynique et sa présentation quelque peu maladroite, puis le tout se fluidifie rapidement et nous emmène dans l’aventure. 

Si Haig se présente comme un aventurier, on a un peu de mal à le croire. Oubliez l’image d’un Indiana Jones parcourant la jungle avec panache, car on en est loin. Haig tient plus du pirate que de l’aventurier. Le lecteur relativise vite, trouvant dans le roman une réalité, de l’authenticité, et non du rêve divertissant. Seules les mésaventures auxquelles il sera confronté fera de lui un vrai aventurier, un héros du quotidien, dépassant son flegme cynique, l’attitude blasée, voire glaciale (comme par exemple en début de roman, quand il ne porte pas secours à un homme, retrouvé mort le lendemain et dont il se débarrasse sans le moindre remord). 

Il faut bien l’avouer, Haig n’a rien d’un personnage sympathique et attachant en ce début de récit. 
C’est à travers sa relation avec son environnement, un Cambodge dévoré par la violence, la misère, la corruption et la perversion, brisé par son histoire, mais aussi à travers ses relations avec son équipage, que l’on comprend ce qui lui tient à cœur et où va sa générosité.

Les personnages secondaires s’avèrent tout à fait intéressants : un punk séropositif qui a tout quitté et rejoint l’équipage pour vivre la grande aventure (au franc parler amusant) et des soirées alcoolisées en charmante compagnie, un vietnamien écolo qui a quitté la France pour sauver le Cambodge de la déforestation (ce qui lui vaut quelques ennuis et sa rencontre avec Haig) et qui vend la marchandise de la Marie-Barjo aux entreprises responsables au prix fort, par pure vengeance, un colosse attachant qui ne se fie qu’à son chien, ainsi qu’une charmante Espagnole qui donne une touche féminine et sensuelle, farouche et sournoise, mais sans surprise. 
Les ennemis ne manquent pas de crédibilité à défaut d‘originalité, même si leurs buts demeurent longuement nébuleux aux yeux du lecteur. Les crimes atroces commis ne s’avèrent que des cailloux placés sur le chemin en direction de Mont Rouge et de ses secrets.
Sur son chemin, Haig fait également de nombreuses rencontres, principalement des clients, révélatrices d’un peuple à l’agonie qui essaie de survivre comme il le peut. Cet aspect du roman peut ralentir le rythme, mais ne se révèle pas moins intéressant.

Si Thierry Poncet nous propose un bon roman d’aventures, l’intrigue n’en reste pas moins prévisible. Pourtant, il sait alterner les atmosphères entre tension (un peu d’action, mais peu) et moments conviviaux. Le récit ne connaît pas de grands rebondissements, le voyage suit son cours et nous laisse découvrir la flore et la faune d’un pays miséreux ou seule la débrouillardise permet de survivre. Le tableau dépeint est noir, mais l’exotisme des paysages ne cesse de fasciner. On sent vraiment à travers leur descriptions le vécu dans la plume de l’auteur, qui sait retranscrire l’âme du pays. L’environnement, en effet parfaitement maîtrisé, s’intègre à l’intrigue. Il s’agit d’un de ses points forts, avec la galerie des personnages singuliers découverts au fur et à mesure du voyage. Ce charme particulier entraîne dans la lecture et scotche le lecteur, sans même qu’il ne s’en rende compte.

En conclusion : J’ai apprécié ce voyage et remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions Taurnada pour cette aventure. Une découverte intéressante et enrichissante.

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