mercredi 22 juillet 2015

Le Lycan Blanc: Le Monde de Xavi El Valent, de Phil Becker


Résumé
Le XIIe siècle s'achève en Katland. Les Katalans hésitent à soutenir les dissidents Kathars. Alors que la tension monte entre le royaume Franc et le Pays d'Ock, le loup-garou Corcinos décide de retrouver celui qui l'a transformé en bête.

Des années avant les événements de la saga de Xavi El Valent, plongez dans un âge de magie, de créatures et d'acier. Du Canigó à Perpinya en passant par Kotlliure, sombre et sanglant sera le chemin du lycan blanc.


Mon avis
Le Lycan blanc, premier roman de Phil Becker, s'avère être le troisième volet d'une saga dont les deux premiers volumes sont déjà publiés. Le récit s'inscrit dans le monde de Xavi El Valent, mais comme il se pose en préquelle, on peut tout à fait le lire pour débuter (ce fut mon cas) et apprécier la découverte. 
La couverture attire vite l’œil et présente des créatures massives, voire monstrueuses et nous promet des loup-garous féroces et dangereux. Âmes sensibles, s'abstenir ! Mais amateurs du genre, le livre tient bien ses promesses...

L'auteur nous présente, en début de roman, Corcinos et son ami Esteban (jeunes adolescents orphelins et métamorphes (lycanthropes). Leur parcours et leur nature atypiques les destinent à une vie de marginaux auprès de leur maître, à qui ils rendent service et auprès de qui ils poursuivent leur apprentissage. Cet isolement est accentué pour Corcinos, que son albinisme rend singulier et difficilement discret. Esteban paraît moins impulsif, plus en phase avec sa véritable nature.
Cependant c'est Corcinos qui fera l'objet de notre attention et sera le personnage principal, puisqu'il est le Lycan blanc. Personnage complexe au destin hors du commun, il tire au travers de ce roman bien des leçons et se forge une personnalité torturée et farouche. On lui devine un rôle important, voire de meneur dans les guerres à venir dans l'histoire du monde de Xavi El Valent.

Quand leur maître meurt, des mains d'un mage intéressé par les deux jeunes gens, ceux ci doivent poursuivre seuls leur route (sous l'attention de ce nouveau maître) et lutter contre leur nature. Lors des combats, il doivent se contrôler pour garder forme humaine. Ils gardent leurs instincts de combattants et n'aiment pas agir en solitaires (Esteban cherchera vite à rejoindre une meute). La vie amoureuse de Corcinos n'est pas simple non plus. Ses instincts sauvages et meurtriers refont surface s'il se laisse submerger par ses émotions. De plus, il ne manque pas de défauts, se montre souvent égoïste et même déloyal. Pourtant, il en devient particulièrement humain. Joli paradoxe quand on connaît sa vraie nature et quand on découvre les secrets de sa naissance.
L'auteur Phil Becker a su mettre en balance l'équilibre de ses personnages, entre instinct humain et animal, entre bête sauvage et apprivoisée. On suit les deux amis avec intérêt et on éprouve vite de la sympathie et de l'empathie pour ces deux jeunes mal dans leur peau, mal aimés, en quête du secret de leurs origines, mais aussi en quête d'une famille. 

Le roman se compose de quatre parties, toutes plus ou moins liées à un lieu où se déroule l'action (les monts Pyrènes, le fort Snek, Perpinya, (La Farga de) Borvo). Les paysages s'adaptent, l’intrigue également, mais reste tout à fait cohérente. Dans chacune des parties, des sous-intrigues se superposent à l'intrigue principale, un peu comme différents épisodes. Le tout est bien organisé et équilibré, donc ne lasse pas à la lecture, bien au contraire. Les sous intrigues dépendent ainsi fortement du lieu où l'action se déroule ( milieu montagnard, le fort, milieu urbain, la forêt et le forge de Borvo). 
Le style fluide, un enchaînement des scènes et une narration rythmée gardent le lecteur en haleine. 
L'intrigue principale reste très linéaire, non organisée en chapitres, mais seulement en plusieurs parties citées précédemment. Si cela déstabilise au début, on s'y fait très vite et on tourne les pages avec l'envie d'accompagner Corcinos et d'en savoir plus sur lui et ses secrets, car tout au long du récit (même quand il aura percé le secret de ses origines), il cherche son identité et sa place parmi les humains et parmi les loups.

De nombreux combats bien décrits, avec des adversaires variés, ponctuent et pimentent le récit. Les stratégies des métamorphes s'adaptent aux situations (plus basiques ou plus stratégiques) : on ne tombe donc pas dans le répétitif. Ceux ci permettent de contrebalancer les passages dédiés aux états d'âme de Corcinos avec beaucoup d'action. 
Si la magie est présente dans le roman, elle garde un aspect primaire, animal et instinctif. Seuls les mages élaborent des actions plus poussées, mais là encore on s'arrête aux boules de feux et boucliers. Celle d'Achoris (second maître de Corcinos) semble un peu plus subtile. La magie ne vient donc pas entraver l'intrigue. L'auteur accorde plus d'importance au mystère entourant les métamorphes et dote son récit d' aspects mythologiques intéressants (avec Borvo et sa forge, par exemple).

En conclusion, Phil Becker nous propose un récit poignant, intéressant, palpitant. Je ne peux qu'admirer une telle maîtrise pour un premier roman. Il a réussi à me convaincre de lire les deux volumes précédents (mais dont les événements se situent après cette histoire), qui viennent justement d'être réédités ! Je remercie le forum « Au cœur de l'Imaginarium » et les éditions Rivière Blanche pour cette excellente lecture.

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