dimanche 21 juin 2015

Sang blanc, de Noémi Krynen


Résumé

Alors qu'une série de meurtres teinte de rouge la si belle campagne enneigée du Vercors, Édouard, dentiste, revient dans son village après la mort de ses parents. Il y retrouve Renaud, un vieil ami d'enfance, et se lie avec Anna, une jeune serveuse.
Édouard pensait connaître ses parents, mais il n'est pas au bout de ses surprises... Ce séjour qui ne devait être qu'une simple formalité administrative va peu à peu glisser vers l'abîme du passé et bouleverser définitivement son avenir...

Mon avis

Bien que Sang blanc soit le premier roman de Noémi Krynen, l’auteure fait preuve d’une maîtrise appréciable de son récit et de son intrigue et offre au lecteur un thriller haletant.

Le roman débute à la troisième personne, dans une boîte de nuit, où des jeunes filles sont venues passer du bon temps. La narration, un peu confuse au départ, nous permet vite de comprendre les tenants et aboutissants de l’histoire tragique de l’une d’entre-elles. 
Ce récit apparaît dans le roman coupé en courts passages toujours écrits à la troisième personne. Mené en alternance avec une narration à la première personne, celle-ci plus longue et plus élaborée, il ponctue le roman et s’avère d’une grande importance.
La narration à la première personne met en scène un dentiste à l’apparence sans histoire, qui revient dans son village natal après la mort de ses parents, pour assister à leur enterrement et ranger leur maison, avant d’envisager de la vendre. Le ton se révèle juste et entraînant.

L’alternance entre ces deux types de narrations permet de faire le lien entre les événements passés (l’histoire de Cassandra) et les faits présents, ceux du narrateur (notre dentiste). Un lien apparaît même avec la mort de ses parents et avec les meurtres atroces qui frappent dernièrement la région.
Les fils de l’intrigue s’entremêlent, puis se démêlent un à un, en dévoilant un peu plus les uns sur les autres. L’avancée dans ses différentes sous-intrigues permet au lecteur d’assister à leur évolution en même temps que le narrateur. Seul le récit concernant Cassandra lui échappe totalement et ce de manière cohérente pour l’avancement de l’intrigue.

Le style agréable entraîne le lecteur dans un récit bien mené et équilibré, avec des descriptions précises et justes, des dialogues naturels et crédibles.
Les atmosphères sont travaillées également avec soin. Un mystère tantôt malsain, tantôt effrayant s’installe vite. Entre ambiance froide, réalité morne, malsaine, voire souillée par des meurtres atroces, mais aussi par les sensations du narrateur, le sentiment de malaise s’installe peu à peu et s‘accentue au fil des révélations. Les cauchemars du personnage principal, les réactions soudaines et froides du père à présent disparu, laissent entrevoir quelque chose de tapi au fond de son cerveau, prêt à surgir et à ternir la vie du respectable dentiste.

L’intrigue peut paraître simple, mais ses différentes facettes sont parfaitement maîtrisées, cohérentes et menées avec efficacité.
Le roman se lit très vite : les pages se tournent avec l’envie teintée de crainte d’en savoir toujours plus. L’auteur nous tient en haleine jusqu’au bout du roman. Le dénouement final s’avère intéressant et logique, à défaut de surprendre vraiment le lecteur.

Les personnages sont aussi bien campés. On retrouve bien sûr le gentil dentiste, ses anciens copains menant une vie plus ou moins convenable (Renaud le proxénète du dimanche avec son bar de filles, le facteur). Anna, la séduisante serveuse, dévoile peu à peu ses secrets, se montrant tantôt tendre et enjouée, tantôt glaciale et déterminée. Elle apporte une touche de féminité et de sensualité. Le commissaire, en charge de l’enquête sur les meurtres perpétrés dans la région, possède également son lot de secrets bien cachés.
Les personnages sont donc travaillés et répondent à des stéréotypes précis, mais ne manquent pas de nuances.
Mon seul bémol concerne le déclic un peu brutal chez le narrateur et son changement brusque de personnalité. Il fait alors preuve d’une mauvaise foi, dont on n’est pas coutumier avec lui. Quelle est sa véritable identité ? L’auteure ne s’épanche pas sur ce point crucial, qui interpelle pourtant le lecteur.

En conclusion : Noémi Krynen a réussi à m’entraîner dans son thriller à un rythme trépidant. Je l’ai dévoré en quelques heures, séduite par son efficacité et son style fluide. Je remercie les éditions Taurnada et le forum Au cœur de l’imaginarium pour cette belle découverte.

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