vendredi 12 juin 2015

La chasse aux marqués de Tesha Garisaki

chasse-marques

Résumé

La magie est interdite à Sarèje. L'Inquisition n'hésite pas à se servir d'androïdes pour tuer les « marqués », détenteurs de tatouages aux propriétés magiques. Natalia est l'un d'eux. Sa vie est consacrée à soigner les gens, comme l'y a prédestinée sa marque. Mais ce soir, elle est prise en chasse par un modèle expérimental.

Mon avis

Tesha Garisaki, auteure de nouvelles publiées dans divers recueils, écrit parallèlement un roman. Je découvre sa plume et une partie de son univers avec La chasse aux marqués et compte bien lire d'autres de ses écrits.

Le résumé alléchant nous promet un monde futuriste, où la magie est interdite sous peine de mort. Fidèle à la tradition SF et sous couvert d'une vision futuriste de la société, l'auteure nous livre un message percutant sur les conséquences d'une intolérance fanatique aveugle et sans fondement. On pourrait même la transposer sous certains angles à notre monde actuel.
Sous les yeux des inquisiteurs, les humains dotés de magie deviennent de simples sujets à traiter sans pitié et la vie de ceux ci, de simples données permettant de les traquer et de les exécuter. Dans les mots choisis par l'auteur, dans l'attitude hautaine et méprisante des inquisiteurs, on devine leur facilité à déshumaniser les marqués, ainsi que leur manque d'empathie, perdue au profit de l'aveuglement fanatique et du pouvoir.

L'auteure contrebalance cette impression en présentant leur sujet actuel «Natalia », dans son quotidien. On découvre une jeune fille généreuse, qui utilise sa marque pour guérir et apporter son aide. Sa mère a déjà été exécutée par les inquisiteurs, provoquant le désespoir de son père. Ce n'est pas une simple marquée qui a été tuée, mais une épouse et une mère, tout comme ce n'est pas un simple "sujet" qui est de nouveau menacé. L'auteure amène le lecteur à en prendre conscience de manière habile, grâce à l'alternance des points de vue. En premier lieu, Natalia présentée comme marquée, simple fichier de données pour les inquisiteurs, puis ensuite jeune fille sympathique. On comprend immédiatement quelle est la menace qui pèse sur elle et comme l'on s'attache immédiatement à elle, on tremble forcément pour sa vie lors de cette horrible chasse.

La tension dans la nouvelle est d'ailleurs omniprésente et parfaitement bien maîtrisée . L'auteur mène son récit de manière à la faire monter d'un cran graduellement. On reste scotché à la liseuse, impossible de lâcher sa lecture en route une fois qu'elle est commencée !

L'univers présenté ne manque également pas de profondeur. Il ne représente pas un simple décor, dans laquelle prend place la chasse des marqués. La mégalopole dans laquelle vit Natalia a des quartiers où la jeune fille évolue, avec sa population, son histoire et ses blessures, celles qui ont amené les inquisiteurs au pouvoir. L'atmosphère y est fort bien décrite. L'ensemble sonne juste et ne manque pas de crédibilité.

En conclusion, j'ai adoré cette nouvelle qui m'a tenue en haleine du début à la fin. Le style fluide, la parfaite maîtrise de la narration et du récit, la vision simple mais crédible de la société présentée donnent du poids à un message fort et qui prête à réflexion. Un vrai coup de cœur !
Je suis curieuse de lire d'autres nouvelles de Tesha Garisaki (je pourrai déjà la lire de nouveau dans le recueil  Lhomme de demain  chez les artistes fous associés, dans les recueils A voile et à vapeur, et De la corne du Kirin aux ailes de Fenghuang (dès qu'il aura rejoint ma pal!) également tous deux publiés chez les éditions Voy'el, que je remercie pour cette très belle découverte !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire