dimanche 5 avril 2015

Constance et séduction, de Jess Swann


Résumé
Après le décès de leur père, Isobel et Helen Westlake sont forcées d’abandonner la demeure dans laquelle elles ont grandi et déménagent à Chester dans le nord de l’Angleterre. Tandis qu’Isobel entretient une relation amicale avec Adam, tout en tentant de mener sa carrière et de veiller sur sa cadette, Helen fait la connaissance du flamboyant Oliver Vane… Amour, frustration et surtout vérités cachées sont au rendez-vous de cette réécriture moderne de « Raisons et sentiments » de Jane Austen.

Mon avis

Constance et séduction est une adaptation de Raison et sentiments, version moderne du roman de Jane Austen, écrit par Jess Swann. J'ai fait le choix de ne pas lire la version originale, n'ayant pas encore découvert ce titre de Jane Austen, préférant découvrir l'histoire, plutôt que de la redécouvrir.

Dans Constance et séduction, nous faisons la connaissance de deux sœurs très différentes, ainsi que d'une galerie de personnages particulièrement savoureux. Nous apprenons à les connaître, et les suivons à travers leurs vies amoureuses, leurs joies et leurs déboires, car il s'agit avant tout d'une romance. Pourtant bien qu'axé sur la romance, le roman nous livre l'histoire des deux sœurs. Celle ci commence dans le malheur, puisque leur père décède et qu'elles se voient chassées de leur maison, la demeure, où elles on toujours vécu, par leur propre frère. On comprend vite que la vie avec leur frère obsédé par l'argent et avare de nature et son odieuse femme aurait été bien difficile, malgré l'amour naissant entre le frère de cette dernière et Isobel. Les deux sœurs trouvent alors refuge à la campagne, dans le Chester, où Isobel trouve du travail, grâce au chaleureux et secourable Ross Burguess. C'est d'ailleurs, là que la cadette tombe à son tour amoureuse d'un homme charmant et séduisant, son tout premier amour.

Dans ce roman tout semble opposer les deux sœurs.
Tandis qu'Isobel est calme, posée, toujours raisonnable, Helen est fougueuse, spontanée et colérique.
Elles n'en sont pas moins fortes, toutes deux à leur manière, bien qu'Isobel, la plus âgée s'avérera tout de même la plus solide des deux. Ces deux personnages sont extrêmes et ont parfois du mal à s'accorder, mais l'amour des deux sœurs est infaillible et même si leur complicité est mise à mal, elle renaît naturellement, comme seulement c'est possible entre deux membres d'une même famille. Leur frère, bien qu'aimant ses sœurs, se montre parfaitement méprisant envers elles, non par maladresse, mais par lâcheté et avarice. Leurs valeurs diffèrent tellement qu'il est étonnant qu'ils soient de la même famille.
Les deux sœurs trouveront par contre une famille d'adoption chez Ross, l'employeur d'Isobel, homme d'une gentillesse exceptionnelle. Si sa femme se montrera toujours froide et brève, si ce n'est pour vanter les louanges de son bambin (cadet des soucis des deux sœurs, qui n'ont pas l'air de s'attendrir), ses sœurs par contre, totalement exubérantes et volubiles, sauront devenir des amies indispensables, même si quelques peu encombrantes...
Ces personnages secondaires apportent du pétillant à l'histoire qui aurait pu devenir fade, avec une Isobel inexpressive et une Helen excessive. Ils apportent un équilibre essentiel et pimentent l'ensemble du roman.

Les amours des deux sœurs vont donc se dérouler dans ce cadre, entourées, veillées et commentées par ces personnages percutants et envahissants.
Isobel, tombée sous le charme d'Adam, le frère de sa belle sœur, déchantera vite et on assistera avec impuissance pour elle, et frustration pour nous, à bien des difficultés avec Adam, prince charmant un peu mou, même si bienveillant. Tous deux manquent de caractère, comme le constate souvent la cadette, et on se demande comment ils vont réussir à dénouer les fils de leurs mésaventures et de leurs cachotteries. Vera, bimbo avide d'argent qui vient se mettre entre eux apparaît comme un personnage manipulateur, mais néanmoins sympathique. Même si elle est moins vertueuse qu'Isobel, qui s'efface avec une facilité parfois déconcertante, Vera est amoureuse et intéressée, et le fait savoir. Elle possède bien sûr d'autres atouts et d'autres défauts, mais la fin pour le moins ironique, lui donne finalement la place qu'elle a toujours désiré.
Helen de son côté préfère céder au séduisant Oliver que de s'intéresser à James, geek trop timide et inexistant à son goût. Helen s'enflamme, se précipite dans la relation et s'en brûle les doigts. Son désespoir persistant, quelque peu lassant parfois, révèle un personnage immature et égoïste.

Le roman écrit à la première personne du point de vue d'Isobel laisse plus de place à l'inquiétude qu'elle éprouve pour sa sœur et ses mésaventures amoureuses, que pour les siennes, car Isobel reste avant tout un personnage altruiste. Et sur ce point, l'auteur a très bien construit et mené son récit. La narration est vive, les descriptions soignées. Le tout se lit avec plaisir et la plume fluide et agréable de l'auteur entraîne le lecteur. Le livre se lit donc vite et avec plaisir. Les personnages, les situations sont résolument modernes. L'auteur a donc relevé le défi de l'adaptation d'un récit traditionnel pour en faire un moderne avec brio. Seules les intrigues amoureuses souffrent un peu de cette adaptation, à une heure où tout est plus rapide, que ce soit au niveau de l'implication amoureuse ou des chagrins d'amours : on s'engage plus vite et on se remet vite en général. D'un autre côté, c'est plaisant de voir des intrigues qui prennent leur temps pour s'installer dans une époque où tout va justement trop vite.

En conclusion, j'ai passé un agréable moment avec Isobel et Helen, leurs amants, leurs amis. Je remercie les éditions Artalys et le forum Au cœur de l'imaginarium pour cette jolie découverte.

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