samedi 26 juillet 2014

"En terre inconnue", un challenge comme je les aime !

Je me suis inscrite récemment au challenge "En terre inconnue" du forum "Au cœur de l'imaginarium".
Il s'agit de lire de la science fiction, genre que j'apprécie particulièrement, mais que je ne lis pas assez à mon goût.

J'ai donc choisi le palier le plus élevé : "May the force be with you" ! Dix livres à lire sur une année, je devrais même dépasser cette limite sans problème.


Premier bilan pour sur ce challenge:

- Première lecture pour ce challenge : Niourk de Stefan Wul (chronique dans un prochain article).

- Lecture en cours : "Le Testament de Galilée" de Sébastien Tissandier. 

- Prochaines lectures : "Les étoiles regardent aussi" de Julien Morgan et "Sur les ruines du monde" (anthologie).

Et, comme ma Pal ne manque pas de lecture SF, ce ne sera pas difficile de trouver d'autres romans passionnants à lire.

lundi 7 juillet 2014

La Fée de la Mousse de Philippe H. Besancenet



Résumé

Bienvenue au Royaume de Gwann ! Avec son monstre ravisseur de princesse, ses momies tueuses, sa fée sans baguette, son festival folk et des bains de boue à volonté, vous vous sentirez vite à l’aise.
Ici, rien n’est comme il paraît être. On y trouve la gloire comme la mort, les ennuis comme l’amour.

Mon avis

Un jeune prince se lance à la poursuite de sa fiancée, afin de la sauver des griffes du monstre qui l’a enlevée, et l‘épouser. Il demande l’aide de la fée de la mousse, mais évidemment rien ne se passe comme il l’avait prévu.

Dans le conte « La fée de la mousse », l’auteur propose un style soutenu, qui plonge immédiatement le lecteur dans une atmosphère de conte de fée. S’il répond aux codes du conte traditionnel, c’est pour mieux le contourner et emmener le lecteur dans son propre univers.
Les scènes sont détaillées avec précision et le récit conté avec une touche d'humour et de merveilleux très agréable. L’auteur accompagne également ses descriptions d’une douce féerie: une nature personnifiée , un château vorace (le fumeur rouge), des créatures féeriques et merveilleuses, entourées d’animaux qui vivent en harmonie dans le marais.

Les personnages répondent aussi aux rôles typiques des contes de fée, et l’auteur a su s’approprier ces codes pour les caractériser, sans tomber dans le piège du cliché.
On s’attache facilement à Odla, petite naïade, gracieuse fée de la mousse, personnage frais et simple.
Le prince quant à lui apparaît chevaleresque et romantique, comme tout prince charmant qui se respecte, mais se révèle aussi un peu obtus d‘esprit. En tant que souverain, il ne connait pas le marais et ses sujets et veut s’imposer de par sa fonction. Heureusement, la fée est là pour l‘aider.
Ces deux personnages partagent la même innocence. Pourtant, l’auteur comble notre espoir de les voir évoluer au cours de l’histoire.
Le prince amorce, en effet, un brusque changement dans sa vision des choses. Il comprend alors ce qui s’avère important ou non, entreprend des sacrifices, mais aussi une nouvelle quête.
La reine, toujours appelée ainsi, ce qui lui donne un petit côté impersonnel, se montre dès le début sous un jour maléfique: à la fois sensuelle, cruelle et insensible. On comprend vite l’opposition entre ce personnage et celui de la fée Odla: tout les destine à devenir ennemies.

Chacun de ses personnages investit à sa manière le marais, scène principale où se déroule l’histoire. Il s’agit d’un lieu qu’il faut apprendre à connaître: dangereux, prêt à vous happer pour le prince (terre et vase se confondent), mais d’une richesse inouïe quand on sait le regarder et comprendre sa faune et sa flore. Odla en connait chaque recoin et accorde de la valeur à toute vie quelle qu’elle soit. Elle reconnait ce qu’il y a de précieux en lui. C’est-ce qui sépare et différencie, au départ, la fée et le prince, obnubilé par les codes chevaleresques, trop aveuglé par son éducation: celui ci n’y voit tout d’abord que des terres incultes. C’est également un lieu d’harmonie pour les animaux et créatures surnaturelles, mais menacé par la reine et son château qui le dévore peu à peu.

Si la fin n’apporte pas de réelle surprise, elle reste toutefois bien menée et ne manque pas d’action. Elle garde également jusqu’au bout la touche personnelle de l’auteur. Pour venir à bout des épreuves qui l’attendent et sauver celle qu’il aime, le prince reçoit l’aide de mystérieux personnages: les hommes bruns, sorte de momies des marais, dont on apprécie l’apparition et l’intervention originale.

En conclusion, j’ai passé un très bon moment à la lecture de « La fée de la mousse », car l’auteur a réussi à mettre en place son propre univers, en s’appuyant sur les codes des contes de fées traditionnels. J’ai également beaucoup apprécié son style et la touche de merveilleux.
Je remercie "les éditions P'tit Golem" et "Au coeur de l'Imaginarium" pour cette charmante lecture.

jeudi 3 juillet 2014

Otaku Tōkyō isshūkan, Une semaine au cœur de la passion manga de Morgan Magnin



Otaku Tokyo se présente comme un petit guide de voyage assez fin, donc léger et bien pratique pour le glisser dans un sac . La couverture et le titre annoncent d’emblée le type d’informations qu’il fournit à son utilisateur: un guide fonctionnel pour découvrir Tokyo avec l’optique Manga. Si le guide touristique dénote par cet aspect des autres guides traditionnels, il n’en reste pas moins agencé de manière pratique et peut s’avérer d’une grande utilité pour les futurs touristes, amateurs de mangas.

Le guide est organisé par localisations. L’auteur propose de visiter des lieux, en gardant à l’esprit une logique de proximité et de facilité d’organisation. Il l’a d’ailleurs lui-même testé et Otaku Tokyo prend parfois des allures de carnet de voyage. On y sent l’évocation des souvenirs et la propre expérience de l'auteur dans les conseils donnés, ce qui rend la lecture agréable.

L’auteur propose également des petits encadrés pratiques qui permettent de savoir avec précision, quel moyen de transport prendre, quelles dépenses prévoir et même quels sont les horaires et jours de fermetures des sites touristiques visités, ce qui peut éviter des surprises désagréables.

Le texte propose également une description plus détaillée des lieux et sites, et explique toujours quel intérêt ils présentent pour les amateurs de manga. Pourtant , vous n’y trouverez pas forcément les plus connus et populaires, car l’auteur a eu à cœur de faire découvrir un Tokyo un peu différent des guides habituels, ce qui constitue son originalité.

Le seul petit point négatif serait peut être les photographies, assez petites (en dehors de quelques photographies de pleine page) et peu vivantes.

En conclusion, Otaku Tokyo peut se présenter au lecteur selon deux optiques:
- un guide de voyage différent et complémentaire des guides traditionnels, adressé aux futurs touristes, - un témoignage, permettant la découverte de Tokyo sous une optique différente, pour des lecteurs, qui comme moi, rêvent de le visiter un jour, sans qu’aucun projet précis ne soit encore envisagé.

Merci au forum Au coeur de L'imaginarium et aux éditions Univers partagés pour cette sympathique découverte.

Sexe, mensonges et banlieues chaudes de Marie Minelli



Sara s’ennuie et étouffe sous les contraintes de sa vie de privilégiée. Elle aspire à du changement et se met en quête de liberté.

A travers ce roman, Sara mène une rébellion plus difficile qu’il n'y parait. Elle est enfermée dans une vie entièrement planifiée pour elle (un fiancé qui ne la satisfait pas, un boulot avec belle maman). Elle n’a pas choisi ce qui lui arrive, le subit, sans pouvoir dire un mot, sous la pression d’un monde réglementé par la bienséance et les apparences. Pourtant, Sara fait preuve d’un esprit critique assez surprenant envers ce monde, et même d'un certain cynisme, puisqu’elle a toujours connu cette vie aisée et facile.

Sans doute est-ce lié à sa prise de conscience ou à son envie de liberté et d’indépendance, latentes avant même que l’histoire ne débute (le prologue est en ce sens particulièrement savoureux). Sara est donc un personnage qui évolue. L'élément déclencheur s'avère être une scène, où la jeune femme joue les voyeuses (celle ci sert de déclencheur à l’histoire). Elle y trouve l’envie et l’excitation nécessaire pour forcer le destin et trouver cette nouvelle vie tant convoitée.

Les autres personnages restent assez stéréotypés. On ne les voit pas ou peu évoluer. Dans le roman tout tourne avant tout autour de Sara. Même Djalil, son prince charmant des banlieues semble peu présent.

Amaury le riche fiancé et ses parents coincés et rigides ou les copines superficielles, apparaissent soit totalement dépravés soit totalement prudes et conservateurs, donc clairement basés sur des stéréotypes bien ancrés. Par contre, les banlieusards, même s’ils répondent aux clichés habituels, ont fait des études et se montrent professionnels.

Si les clichés employés contribuent au côté léger et amusant du roman, certains deviennent parfois pesants. D’un côté les riches malsains ou stricts et irrécupérables, trop soucieux de préserver leur petit confort personnel et de l’autre les gentils et courageux banlieusards, cela manque un peu de nuances. On regrette un peu, également, le clivage total entre les deux mondes, dont Sarah reste le seul lien. Certaines rencontres auraient pu être amusantes…

La romance entre les deux protagonistes, Sarah et Djalil, arrive de façon un peu abrupte, mais se met ensuite bien en place. L’auteur prend bien des détours pour réunir ses deux personnages, comme dans toute romance qui se respecte. Sara en bave à cause de Djalil, mais gagne grâce à cette expérience, et au contact de ses nouveaux amis, une évolution positive de sa personnalité (avec plus de tolérance, de générosité et de mordant) ainsi que son indépendance.

Dans le roman, les scènes les plus chaudes sont variées et bien écrites. La justesse des descriptions, des sensations et des émotions leur donne du cachet. Pourtant, si les lieux et les situations sont diversifiées, certaines ne se fondent pas toujours naturellement dans le contexte et paraissent un peu calculées.

Les style et le ton du roman sont agréables. La plume fluide, légère et naturelle de l’auteur, le ton humoristique et ironique, font de " Sexe, mensonges et banlieues chaudes", un livre qui se lit facilement et rapidement.


Je remercie le forum Au coeur de l'Imaginarium et les éditions La Musardine pour cette lecture.

mardi 1 juillet 2014

Le chant du couple de François Chabert


"Le chant du couple" évoque des tranches de vie de couples différents, sous une optique réaliste pimentée de fantasme et d’érotisme, à travers trois nouvelles.
Ces couples possèdent tout pour être heureux, mais la routine les guette impitoyablement. En toute logique, la situation leur échappe et dérape. Le chant du couple nous propose donc de découvrir leurs insatisfactions, incartades et dérives, ainsi que les changements qui s’en suivent, lourds de conséquences pour leur vie amoureuse et intime.

Le faux pas
Antoine prend le chemin du bois pour assouvir ses besoins, fuyant les refus obstinés de sa femme. Leurs problèmes de couple font suite à un incident, pendant lequel Antoine a osé assumer un de ses fantasmes et s’est montré moins conventionnel dans son approche. Celui-ci date d’il y a plusieurs années déjà, et sa frustration et sa patience semblent avoir atteint leurs limites.
Les sentiments d’Antoine oscillent maintenant entre honte, gêne, excitation et culpabilité.
Le concept de cette nouvelle est assez banal, mais celle-ci est bien écrite, donc se lit sans déplaisir.

Par la main
Olivia étouffe dans sa vie de Bourgeoise, sans soucis. Tout est beaucoup trop lisse, parfait et raisonnable, surtout son gentil mari qui ne la satisfait plus. Elle s’insurge à travers ses fantasmes et rêve d’autres mains plus rudes et brutales. Mais quand un jour, excédée, elle s’en prend à son mari, elle découvre que celui-ci n’est peut être pas aussi patient qu’il le parait.
Une approche intéressante qui joue sur les contrastes entre ce qu’on attend d’Olivia et ce qu’elle est maintenant devenue. Ce couple que l’on sent perdu, finit par se retrouver en assouvissant leurs fantasmes.

Couple et autres petits arrangements
Même si Magali est loin d’être parfaite, c’est une femme pétillante et bien dans sa peau. Elle accepte son corps, sa volupté et ses imperfections.
Le souci de Magali est qu’elle n’arrive pas à pardonner à Thomas son infidélité. Ils se sont séparés suite à l’incartade de celui-ci, puis remis ensemble. Pourtant, malgré ses efforts, elle n’arrive pas à oublier cet autre Thomas (si différent, si bestial), quelle a surpris avec une autre. Celui-ci lui propose alors d’apporter des changements à leur vie intime. Afin de la reconquérir, il lui fait découvrir des plaisirs partagés avec d‘autres couples, multipliant ainsi les caresses et décuplant le plaisir de son amante.
On suit avec intérêt le parcours de Magali, femme attachante et libérée.

Le livre se lit avec plaisir, car le style est fluide et très agréable. Les scènes érotiques sont abordées avec justesse et bien dosées: ni trop, ni trop peu. Elles s’insèrent avec naturel dans l’histoire de ces couples. Il n’y a également pas de redondance dans les sujets évoqués. S’ils ne sont pas forcément originaux, j’ai apprécié l’exploration psychologique et intime faite par l’auteur. J’avoue une préférence pour la dernière nouvelle, car j’ai apprécié le personnage de Magali.

Je remercie lés éditions Dominique leroy (collection E-ros) et le forum Au coeur de l'Imaginarium pour cette agréable lecture.

La maison ogre d' Arnaud Prieur


Eric, chasseur d’héritiers, mène une vie plutôt banale, jusqu’au jour où il se rend à l’enterrement de son mentor. Après avoir quitté sa veuve, il assiste à un accident, dans lequel semble impliqué l’un de ses amis. En s’y intéressant d’un peu trop près, il se retrouve, bien malgré lui, embarqué dans une sale histoire. On découvre alors, qu’Eric n’est pas si ordinaire qu’il en a l’air et les secrets de son passé douloureux resurgissent. 

Le démarrage du roman se fait tout en douceur. L’auteur prend le temps de présenter les personnages et les bases de son intrigue. Les chapitres successifs offrent une alternance de points de vue, mais l’histoire se resserre vite autour d’Eric et chacun des personnages finit par croiser son chemin. 
Son passé particulier permet à Eric d’appréhender les situations avec compréhension et empathie pour les victimes. Ce détail, loin d’être une coïncidence facile et artificielle mise en place par l’auteur, se révèle au contraire très cohérent dans le récit.
On découvre également des personnages très humains, nuancés et crédibles. Leurs relations compliquées contribuent à développer leur consistance. Parmi eux, on peut citer l’ancienne petite amie d’Eric, Nora, son ami Yannick, mais aussi Brutus, un étrange garde du corps, Ralph le journaliste, et l’inquiétant Victor Kaehl. Ils sont, soit des proches d’Eric, soit des personnages que celui-ci finit par rencontrer et affronter au fil des pages. 
L’approche soignée et progressive des personnages offre un ancrage intéressant à la réalité. Celui ci permet d’amener le surnaturel avec plus d’impact. De plus, on s’attache sans mal à eux, et comme l’auteur ne les épargne pas, la lecture gagne en intensité. On tremble et souffre avec eux. 

Dans «  La maison ogre», les mystères s’imbriquent et chaque nouvelle information amène de nouvelles questions. L’auteur laisse le lecteur toujours sur le qui-vive, en haleine et prêt à tourner la page suivante, non sans l’inquiétude de ce qu’il va découvrir ensuite, car ses certitudes se font et se défont au fil des pages.
Rien n’est laissé au hasard dans le roman. L’intrigue bien ficelée, semble menée par l’auteur, comme une araignée tisse sa toile, sans doute pour mieux piéger le lecteur. En effet, c’est bien lui la proie qui se trouve au centre: Eric est l’instrument qui fait avancer dans cette histoire au départ sombre, et qui plonge le lecteur dans l’horreur et le sordide. 
L’araignée et sa toile sont d’ailleurs des symboles très forts dans le roman. 
La touche fantastique reste discrète, mais n’appelle pas à plus de surnaturel. L’auteur n’a aucunement le besoin d’user d’artifices pour en mettre plein les yeux au lecteur, car sa maîtrise du récit suffit à le fasciner.

L’écriture est fluide, et le style de l’auteur contribue à une atmosphère propre au roman. Celle-ci évolue: elle maintient d’abord le lecteur en alerte, devient menaçante, lourde et pesante, avant que l’angoisse ne s’intensifie. Les descriptions et situations semblent également choisies avec soin. Même les mots et expressions ne doivent rien au hasard. 

Si la fin apporte des explications, certains petits points demandent encore des éclaircissements. Cette fin semble d’ailleurs inviter le lecteur vers un deuxième tome, qui apporterait peut être des réponses aux questions que l’on peut encore se poser. 

En conclusion: l’auteur maîtrise de manière impressionnante l’intrigue, l’atmosphère et les mots. L’ensemble permet une immersion progressive dans un roman intense. Le deuxième tome serait envisagé. Je reste donc en attente, tout comme je l’ai été tout le long du roman, et c’est avec un soupçon d’excitation et d’impatience que je vais guetter la sortie de ce deuxième tome.
Je remercie les éditions du Riez et le forum Au coeur de l'Imaginarium pour cette très belle découverte.