mardi 1 juillet 2014

La maison ogre d' Arnaud Prieur


Eric, chasseur d’héritiers, mène une vie plutôt banale, jusqu’au jour où il se rend à l’enterrement de son mentor. Après avoir quitté sa veuve, il assiste à un accident, dans lequel semble impliqué l’un de ses amis. En s’y intéressant d’un peu trop près, il se retrouve, bien malgré lui, embarqué dans une sale histoire. On découvre alors, qu’Eric n’est pas si ordinaire qu’il en a l’air et les secrets de son passé douloureux resurgissent. 

Le démarrage du roman se fait tout en douceur. L’auteur prend le temps de présenter les personnages et les bases de son intrigue. Les chapitres successifs offrent une alternance de points de vue, mais l’histoire se resserre vite autour d’Eric et chacun des personnages finit par croiser son chemin. 
Son passé particulier permet à Eric d’appréhender les situations avec compréhension et empathie pour les victimes. Ce détail, loin d’être une coïncidence facile et artificielle mise en place par l’auteur, se révèle au contraire très cohérent dans le récit.
On découvre également des personnages très humains, nuancés et crédibles. Leurs relations compliquées contribuent à développer leur consistance. Parmi eux, on peut citer l’ancienne petite amie d’Eric, Nora, son ami Yannick, mais aussi Brutus, un étrange garde du corps, Ralph le journaliste, et l’inquiétant Victor Kaehl. Ils sont, soit des proches d’Eric, soit des personnages que celui-ci finit par rencontrer et affronter au fil des pages. 
L’approche soignée et progressive des personnages offre un ancrage intéressant à la réalité. Celui ci permet d’amener le surnaturel avec plus d’impact. De plus, on s’attache sans mal à eux, et comme l’auteur ne les épargne pas, la lecture gagne en intensité. On tremble et souffre avec eux. 

Dans «  La maison ogre», les mystères s’imbriquent et chaque nouvelle information amène de nouvelles questions. L’auteur laisse le lecteur toujours sur le qui-vive, en haleine et prêt à tourner la page suivante, non sans l’inquiétude de ce qu’il va découvrir ensuite, car ses certitudes se font et se défont au fil des pages.
Rien n’est laissé au hasard dans le roman. L’intrigue bien ficelée, semble menée par l’auteur, comme une araignée tisse sa toile, sans doute pour mieux piéger le lecteur. En effet, c’est bien lui la proie qui se trouve au centre: Eric est l’instrument qui fait avancer dans cette histoire au départ sombre, et qui plonge le lecteur dans l’horreur et le sordide. 
L’araignée et sa toile sont d’ailleurs des symboles très forts dans le roman. 
La touche fantastique reste discrète, mais n’appelle pas à plus de surnaturel. L’auteur n’a aucunement le besoin d’user d’artifices pour en mettre plein les yeux au lecteur, car sa maîtrise du récit suffit à le fasciner.

L’écriture est fluide, et le style de l’auteur contribue à une atmosphère propre au roman. Celle-ci évolue: elle maintient d’abord le lecteur en alerte, devient menaçante, lourde et pesante, avant que l’angoisse ne s’intensifie. Les descriptions et situations semblent également choisies avec soin. Même les mots et expressions ne doivent rien au hasard. 

Si la fin apporte des explications, certains petits points demandent encore des éclaircissements. Cette fin semble d’ailleurs inviter le lecteur vers un deuxième tome, qui apporterait peut être des réponses aux questions que l’on peut encore se poser. 

En conclusion: l’auteur maîtrise de manière impressionnante l’intrigue, l’atmosphère et les mots. L’ensemble permet une immersion progressive dans un roman intense. Le deuxième tome serait envisagé. Je reste donc en attente, tout comme je l’ai été tout le long du roman, et c’est avec un soupçon d’excitation et d’impatience que je vais guetter la sortie de ce deuxième tome.
Je remercie les éditions du Riez et le forum Au coeur de l'Imaginarium pour cette très belle découverte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire